Sludge Life (2020) - Jeu vidéo

À écouter pendant la lecture : https://www.youtube.com/watch?v=4EAGUyrZ0-s

Ça fait plaisir ce genre de jeu, à la fois rafraîchissant mais aussi bien old-school. Déjà visuellement, ça rappel énormément Jet Set Radio et ses beaux contours de personnages et de décors, on y retrouve la même ambiance urbaine de banlieue où tout est pris à la rigolade mais en faisant bien attention à chaque fois de tomber dans l'excès.

Bon là c'est quand même bien plus PEGI 18 par rapport à Jet Set, ici certes on taguent comme des sauvages (un des objectifs principaux du jeu étant de trouver les 100 spots de tags de la ville, plusieurs bonus permettront d'y accéder, comme par exemple un deltaplane) mais on se drogue aussi avec le premier champi bleu qu'on trouve dans le casier perso d'une grenouille syndicalisée en grève qui trip complet sur une fusée tandis qu'un mec se suicide littéralement par pendaison juste derrière. On fume un nombre colossal de clopes étant donné qu'un des objectifs secondaires du jeu et d'en fumer 20. Et surtout on rencontre des personnages tous plus déglingués les uns que les autres, franchement je prend un exemple parmi des dizaines mais je suis rentré dans les chiottes d'un fast-food totalement par hasard et là, stupéfait, je me rend compte qu'une énorme merde niche la cuvette ainsi que le sol, bon déjà comme je suis un peu con ça m'a fait marré, mais surtout le jeu va encore plus loin et, fier de sa connerie, à l'étage même de ce fast food, le concierge qui, en plus de nous rencarder sur un moyen de se procurer de la drogue dure, nous explique qu'il compte laisser l'énorme étron croisé auparavant par respect car "une merde comme ça faut réussir à la chier". On nage en plein délire pendant 4h (le temps que j'ai mis à faire le jeu à 100%) et c'est réellement amusant de voir tout ce bordel prendre corps dans un open-world.

Car oui, le jeu ne se résume pas qu'à sa superbe vulgarité notoire que j'apprécie déjà tout particulièrement, il est aussi assez inventif pour ce qui est de son interface, en effet elle a été pensée comme un ordi portable que transporterait notre personnage. Du coup, les objectifs de missions, objets dans l'inventaire et mini jeux sont ainsi des icônes de bureaux, et il y a donc plusieurs applis à trouver dans le jeu, certaines complètement inutile et d'autre un peu moins, mais en plus de ça les développeurs se permettent d'utiliser leur trouvaille comme renforcement de l'ambiance crado-dégueu de leur univers, dès qu'on est dans ce menu justement on est spammé de pop-up et parmis les 3 fins du jeu disponibles, il y en a une qui crash volontairement votre jeu et vous êtes obliger de le relancer, c'est pas la trouvaille du siècle mais ça fait plaisir ce genre de petites audaces.

J'ai adoré la Direction Artistique franchement, moi les trucs hyper urbain mais où on ne retrouve pas forcément que des humains et où la saleté/pollution règne un peu comme dans Amer Béton, Mutafukaz ou encore The Grocery sérieux ça me parle grave. Je dois être un gros crasseux dans le fond.

L'OST est absolument géniale, ça colle parfaitement au mood du jeu, c'est très urbain, un peu étrange et un peu crade, vraiment rien à dire de ce côté là.

Mais ouais outre le côté relativement puéril de l'ensemble on a vraiment une sensation de crasse omniprésente, un espèce de regard qui bien qu'il reste dans le grand n'importe quoi humoristique, donne une sensation amère, on sent que tous les personnages veulent quitter cet endroit, et qu'ils utilisent n'importe quel moyen pour s'en évader temporairement. Mais je vous laisse découvrir tout ça de votre côté.

Bref, un jeu pensé par des éternels adolescents rebelles un peu immatures fatigués de vivre dans une société cruelle et sale. C'est pas pour tout le monde mais ça sort du lot, et ça fait du bien.

PS : Je vous promet que c'est pas si con que ça en a l'air.