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Memory Box - Film (2022)

Montréal, le jour de Noël, Maia et sa fille, Alex, reçoivent un mystérieux colis en provenance de Beyrouth. Ce sont des cahiers, des cassettes et des photographies, toute une correspondance, que Maia, de 13 à 18 ans, a envoyé de Beyrouth à sa meilleure amie partie à Paris pour fuir la guerre civile. Maia refuse d’affronter ce passé mais Alex s’y plonge en cachette. Elle y découvre entre fantasme et réalité, l’adolescence tumultueuse et passionnée de sa mère dans les années 80 et des secrets bien gardés.

Film Memory Box - Film (2022)
SERVEUR 1

Quand elle était adolescente, Joana Hadjithomas, la co-réalisatrice, a immortalisé son quotidien en pleine guerre du Liban, par cassettes audio et cahiers entiers, pleins de textes, photos, collages. Des dizaines et des dizaines de journaux, pas tout à fait intimes puisqu’ils étaient destinés à sa meilleure amie de l’époque, qui avait quitté le pays. Près de trente ans après, elle a repris contact avec elle. Elle a ainsi pu redécouvrir ce trésor. Avec son compagnon et co-réalisateur, Khalil Joreige, elle a décidé de repartir de cette matière incroyable pour raconter une histoire. Il ne s'agit ni d’une autobiographie, ni d'une autofiction, mais d’une histoire ‘librement inspirée de’. nLe point de départ de Memory Box est donc celui-là émigrée au Canada, Maya, une femme dans la quarantaine, reçoit du Liban l'ensemble des cahiers et cassettes qu'elle avait envoyés à sa meilleure amie, perdue de vue et récemment décédée. Elle refuse de se replonger dedans, ce que va secrètement faire sa fille Alex. L'adolescente va découvrir comment sa mère a vécu cette tranche de vie, l’amitié, l’amour, les drames de la guerre, et quelques secrets.nCe qu'on retient surtout de Memory Box, c'est sa plastique incroyablement inventive. Rien d’étonnant, les deux réalisateurs sont tous deux plasticiens. Collages, surimpressions, fragments, superpositions, photos animées, incrustations, flipbooks… les journaux prennent littéralement vie sur l’écran. Il y a aussi une vraie authenticité de l'image qui s’appuie sur les dizaines de milliers de photos que Khalil Joreige a pris du Liban pour, lui aussi, documenter sa vie. C’est donc esthétiquement un véritable tour de force, c’est créatif, esthétique et extrêmement nerveux, efficacement soutenu en cela par le montage son, entre le grésillement si particulier des cassettes audio de l’époque, les bruits du quotidien et de la guerre, et les musiques habilement choisies. La forme est donc géniale, et sa puissance correspond parfaitement à ce qu’impose la soif de vie et l'énergie d’une vie adolescente, et le moment si tragique que vit le pays.nMais le scénario et la mise en scène sont beaucoup moins séduisants et plutôt laborieux. D’abord parce que la narration est extrêmement linéaire. De fait, les allers-retours entre passé et présent présentent peu d’intérêt. Loin d’apporter un rythme, ils fonctionnent plutôt comme des pauses sans réelle justification. Ensuite, parce que le son et l’image font souvent doublon l’image ne reconstitue que ce que la cassette ou la lecture du journal nous raconte. Dans de nombreuses scènes, cette narration explicative de l’image alourdit l’ensemble. Enfin, le jeu et le texte des deux actrices, la Maia adulte et plus encore sa fille, ne sont pas convaincants et m’ont sortie de l’universalité du propos pour en faire quelque chose de trop artificiel. Je suis donc passée avec regret à côté de l’émotion qui cherchait manifestement à se dégager de cette superbe plongée nostalgique et historique. Dommage. Pour autant, c’est un bel objet cinématographique dont la photographie peut justifier seule son visionnage.