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Severance - Série (2022)

Mark Scout travaille pour Lumon Industries, où il dirige une équipe dont les employés subissent une opération chirurgicale de séparation entre leurs souvenirs liés à leur vie professionnelle et ceux liés à leur vie privée. Cette expérience risquée de l’équilibre entre travail et vie personnelle est remise en cause lorsque Mark se retrouve au cœur d’un mystère qui le forcera à affronter la vraie nature de son travail… et la sienne.

Film Severance - Série (2022)
SERVEUR 1

Comme souvent ces derniers temps, c'est le littéral chagrin de voir quelqu'un passer à coté de la série qui a motivé l'écriture de cette critique, et je ne dirais sur cette personne et sa critique qu'une chose à trop projeter ses propres attentes sur une série, on finit par louper l'essentiel, qui se passe dans les marges.nnSeverance, sous ses atours de série critique dénonçant l'aliénation de notre société, son égoïsme, part sur un postulat simple, voire simpliste, d'une efficacité troublante pour diverses raisons, des individus ont recours à un processus leur permettant de dissocier leur vie "réelle" de leur vie professionnelle.nUne intervention chirurgicale découpe la personne en deux entités celle qui vit la "vraie vie", et celle qui vit une vie exclusivement entre les murs de son entreprise. Les deux entités n'ont pas de lien, ne peuvent communiquer. Mieux, ils n'ont pas le droit de communiquer, toute information, écrite ou autre est rigoureusement interdite.nOn a donc d'un coté la vie de Mark, ayant vécu un événement suffisamment traumatique pour avoir recours à la Severance, simplement pour le répit de quelques heures que lui offre cette procédure, peut-être l'espoir que son "Innie" (son alter ego) sera épargné par la souffrance qu'est devenu son quotidien.nEt en un passage d'ascenseur, hop, la magie opère et Mark devient Mark M., chef d'équipe d'un service dont la pratique reste trouble.nTrouble, mais les "Innies" sont obéissants, et pour cause ce sont littéralement des "nouveaux nés", n'ayant accès au monde que via les informations qu'on veut bien leur délivrer. Ils sont infantilisés, cobayes humains parfaits pour des expériences sociologiques dont les tenants et les aboutissants restent troubles.nEt rapidement, une nouvelle recrue, Ellie L., ne comprend que trop bien, trop directement ce que cette Severance implique. L'extérieur n'existera jamais plus pour Ellie L. Chaque arrivée au boulot activera désormais son Innie, son double, et elle ne connaîtra désormais que les murs blancs, les fêtes factices, les jouets-récompenses, et le classement de chiffres qui lui font ressentir des émotions négatives.nnCa pourrait être un cauchemar, une série d'horreur psychologique mâtinée de SF et de réflexion sur le sens de la vie, ou une sorte de remake transposé du Prisonnier dans le délire paranoïaque qui s'offre de lui-même à nos élucubrations.nMais limiter la série tout ça, ce qui serait déjà pas mal, ce serait oublier que Ben Stiller est aux commandes, réussissant à articuler l'anxiogène et l'humour noir, le sarcasme et la distance critique, l'absurde poussé dans ses derniers retranchements sans gâcher la sève noire de la série, notamment grâce à la direction d'un casting magistral.nnNon seulement Severance est sérieux dans son propos et drôle dans sa façon d'aborder ce dernier mais surtout audacieux dans sa façon de rompre avec ses propres postulats, dans sa capacité d'autodérision face à sa propre étrangeté.nSeverance s'offre le luxe de tutoyer à la fois Utopia, Dispatches from Elsewhere, The Prisonner, et de le faire avec humilité et humour. nBen Stiller fait preuve de maestria dans l'utilisation des tropes de la parano-fiction des 70's, avec respect et lucidité quant au limites posée par le genre, pour mieux se les réapproprier.